Christophe Guignement travaille depuis plus de 20 ans dans le secteur des séries d’animation jeunesse pour la télévision. Après avoir occupé les fonctions de directeur d’écriture, scénariste, conseiller artistique à la jeunesse chez TF1, il est aujourd’hui producteur artistique et dirigeant de la société PAGE 49, société dédiée à l’éditorialisation de contenu à destination des cibles Jeunesse. Il est notamment l’auteur de la série d’animation « Junior des idées en or » qui en saison 2 a donné lieu à l’organisation d’une résidence d’écriture au Togo, « La Maison Junior », pour former de jeunes scénaristes en collaboration avec Angela Aquereburu et Daniel Atchali, président de l’association togolaise du cinéma d’animation.
Pouvez-vous nous présenter la série d’animation « Junior des idées en or » ?
La première saison de « Junior des idées en or », a été produite par PM SA et Gulli/Gulli Africa. Pour la 2ème saison, c’est la société « 2 Minutes » dirigée par Jean-Michel Spiner qui en assure la production déléguée.
La saison 2 de « Junior des idées en or » se compose de 39 épisodes de 5’. Elle relate le quotidien d’un petit garçon, Junior, et de sa bande de copains sur un fond qui rappelle « La Guerre des Boutons ». Dans une ville imaginaire inspirée d’Abidjan, Junior a une particularité puisqu’il a des idées en or.
Pour imaginer cette seconde saison, nous avons organisé la tenue d’une résidence d’écriture scénaristique avec 10 jeunes talents, depuis Lomé au Togo. Le projet a été financé par l’Ambassade de France au Togo, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, CFI ainsi que des partenaires privés.
Comment cette résidence d’écriture est-elle organisée ?
La résidence d’écriture est composée de deux ateliers : un atelier d’animation dédié à l’écriture de la saison 2 pour Gulli Africa (M6) et un atelier fiction. Au sein de l’atelier animation, les participants ont en face d’eux, une chaine, et c’est ça la spécificité de notre projet puisque l’on apprend en produisant, sur un modèle de compagnonnage.
Concernant l’atelier de fiction, il s’agit d’une adaptation de la série d’animation. Pour cela, il faut créer une bible d série, des synopsis et des scripts dans le but de produire cette série de fiction en local avec comme partenaire, Yobo Studios.
La formation se déroule sur 10 mois et nous la dispensons en présentiel depuis le mois d’avril. De nombreux intervenants du secteur de l’animation ont également animé des sessions en distanciel.
Quels sont les profils des scénaristes participant à l’atelier ?
Les scénaristes, sélectionnés pour imaginer cette saison 2 sont originaires de différents pays : du Togo, Bénin, Burkina Faso, Sénégal et la RDC. Ensemble, ils ont participé à cet atelier panafricain composé à 50% de femmes. Nous étions assez sensibles à l’idée d’assurer une parité.
Une expérience significative dans le domaine de l’écriture était un prérequis pour la sélection des participants. Au total, nous avons reçu 80 candidatures pour 10 places disponibles.
Pourquoi avoir choisi de concevoir cette saison 2 en Afrique francophone ?
Après avoir assisté à de nombreuses reprises à des tables-rondes sur la production audiovisuelle et la production d’animation, je me suis rendu compte que l’on disait beaucoup de choses sans forcément connaitre la réalité locale. J’ai pensé qu’il fallait ramener des projets sur le continent, les écrire sur place et redonner la parole à l’Afrique. De là est né ce projet de résidence, pour encourager la formation sur le continent et pour donner de la visibilité aux jeunes talents du milieu puisque, cette série ne sera pas uniquement diffusée sur Gulli mais aussi à l’international. Les participants auront également eu l’opportunité de travailler en situation réelle avec des contraintes de planning et de budget. Ce n’est pas rien.
Quel regard portez-vous sur le secteur de la production audiovisuelle en Afrique francophone ?
Je constate un manque, un vide de la formation aux métiers de scénaristes. Or, toute série commence par de l’écriture. A travers ce type de projets, nous tentons de combler un manque abyssal. Notre objectif est de former ces dix scénaristes pour qu’ils puissent monter en compétences et répondre aux attentes et besoins des producteurs. Nous avons eu la visite de l’ambassadrice de France au Togo accompagnée du Ministre de la Culture togolais et du Ministre de la Communication et des Médias avec qui, nous avons pu échanger sur les différentes problématiques liées à la formation dans le pays africains.
Nous espérons que ces jeunes scénaristes formés pourront aussi, à leur tour, transmettre leurs connaissances et leurs compétences à d’autres.