Au moment même où de nombreux pays africains terminent difficilement leur transition vers la TNT, les autorités françaises, par la voix de La Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC), ouvre en France une consultation publique sur l’avenir des modes de diffusion et de distribution des services de télévision en France et en particulier de la TNT qui n’est garantie que jusqu’en 2030.
18% des foyers exclusivement connectés à la TNT
Selon les données les plus récentes, il n’y a plus que 18% des foyers équipés d’un téléviseur qui sont exclusivement connectés à la TNT en France.
Ces foyers exclusivement TNT ont un profil bien particulier : ils sont le plus souvent composés d’une seule personne, 75% des personnes composant le foyer sont âgées de plus de 50 ans et sont des personnes inactives ou appartenant aux catégories socioprofessionnelles moins favorisées (CSP-) situées dans des villes de moins de 20 000 habitants
La question de la pertinence de prolonger la TNT sous sa forme actuelle ou d’organiser progressivement une transition vers d’autres modes de diffusion est posée.
A quoi ont servi les investissements pour déployer la TNT en Afrique
En Afrique francophone, les pays ont investi des milliards de FCFA pour remplacer la TV analogique par la TV numérique terrestre, et le déploiement de la TNT initialement prévue pour 2015 a connu des retards importants dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne
La TNT n’est aujourd’hui regardée, dans les pays qui ont réalisé la transition numérique, que par une faible part de la population. Les satellites et le câble occupent déjà une place de choix en Afrique et ont permis à la télévision de se développer considérablement depuis plus de 30 ans. Les bénéfices évoqués à l’époque pour convaincre les dirigeants de lancer la TNT était l’amélioration de la qualité de l’image et la capacité d’augmenter le nombre de chaines de manière importante. Mais ces 2 bénéfices se sont avérés bien insuffisants, comparés à l’offre déjà existante, pour permettre à la TNT de trouver son chemin.
Un peu d’histoire
Il ne faut pas perdre de vue que la TNT a été lancée sous la pression de l’Union internationale des télécommunications (UIT), essentiellement pour libérer une partie des fréquences de la TV analogique au profit des opérateurs télécoms.
Alors que ces fréquences libérées ont été vendues par les Etats à prix d’or aux opérateurs télecoms et permis le développement de la 4G et de la 5G, en Afrique, curieusement, personne – ni les opérateurs, ni les Etats, ni la presse ni les opinions publiques – n’a l’air de se préoccuper de ces investissements colossaux réalisés pour des fréquences désormais disponibles qui pourraient rapporter beaucoup d’argent aux Etats et surtout améliorer de manière considérable l’accès à l’internet mobile.
Bien sûr comme cela aurait dû être le cas pour la TNT, il faut faire très attention aux raisonnements par analogie. La pression pour améliorer les offres internet en Afrique n’est pas du même niveau qu’en Europe : le niveau de revenus de la population, la nécessité pour les autorités de conserver le contrôle d’internet,… ne sont pas les mêmes.
Néanmoins dans quelques années en Afrique comme en Europe, les autres modes de diffusion domineront le marché. Face aux opérateurs télécoms, d’autres acteurs comme Starlink, Eutelsat ou Amazon se préparent pour exploiter l’opportunité de proposer des offres internet abordables en Afrique sub-saharienne qui compte plus de 1,1 milliards de personnes. La fenêtre de tir pour les Etats pour rentabiliser leurs investissements se refermera alors.